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samedi 9 février 2013

L AUTOBUS


Dans cet autobus qui se dirigeait vers le centre-ville, les conversations s’entremêlaient, s’entrechoquaient, se télescopaient, pour ne plus former qu’un brouhaha inaudible.

Deux femmes âgées s’échangeaient des nouvelles de leur santé respectives déclinantes, brocardant au passage l’inefficacité des médicaments, voire même la complicité des médecins dans leur malheur.

Ici, deux hommes débattaient sur la médiocrité de jeu du nouvel attaquant acheté à prix d’or par leur équipe de football favorite, avant de dévier leur conversation sur le mariage des pédés puis sur le fait qu’une dénommée « Marine » avait des couilles ce qui ne pouvait être qu’une métaphore bien qu’il n’ait probablement pas ce mot au registre de leur vocabulaire.

Devant, un homme d’une cinquantaine d’année, lisait un journal au contenu politique qui n’allait pas de concert avec la discussion des précédents passagers.

Au fond, quatre jeunes, bruyants, commentaient grossièrement l’aspect physique de personnes de sexe opposée de leur entourage en les classant en trois catégories : « trop bonne », « baisable » ou « boudin ». Hormis pour les jeunes filles de la troisième catégorie, le classement s’accompagnait de commentaires sur la façon dont ils espéraient les « prendre » voire les « démonter ». Fort heureusement, le peu de finesse dans les propos laissait présager que les projets de « prise » ou de « démontage » resteraient à l’état de fantasme et, dans le meilleur des cas, ne saliraient que leurs draps.

Etranger à tout cela, un autre écoutait une musique au moyen d’un appareil portable, deux oreillettes plantées de chaque côté de la tête, et dont on ne distinguait qu’un grésillement synthétique.

Un vieil homme, sans doute le plus âgé de l’autobus, regardait à travers la vitre sans se soucier des autres passagers.

Une femme lisait un livre.

La conversation la plus surprenante fut celle de deux jeunes femmes, à peine plus âgées que les trublions du fonds de l’autobus, échangeant à voix presque basse (mais néanmoins audible pour qui y prêtait attention) leurs expériences en matière de soin du corps et en particularité sur le sujet de l’épilation pubienne, élargissant la discussion au même thème sur la chose mâle.

Hélas, l’auteur, arrivé à destination, descendit de l’autobus sans être en mesure de faire un compte rendu à ses lecteurs.



8 commentaires:

  1. Ah ! Très joli Antoine. Si la vie t'a vraiment présenté tout cela dans le même emballage-bus, remercions-la. Si tu as collé des morceaux de plusieurs voyages, c'est toi qu'on remercie. Pour l'écriture, je n'ose te féliciter de peur de ne rien t'apprendre.

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  2. On n'a l'impression d'être à ta place..
    Helyette.

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  3. Moi qui n'aime pas les transports en commun, j'ai adoré ce texte. J'imagine combien je dois me fermer quand je rentre dans un bus pour ne pas voir tout ça.
    Et c'est joliment bien dit !

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  4. Des Cagnes/Passerelle SLV et A/R, c'est l'une des choses qui me manque de ma vie d'il y a quelques mois. (Enfin les jours où j'étais assis, cela va de soi).
    Mais je ma paye de temps à autre un Cagnes/Nice, pour le plaisir...

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  5. Comme quoi dans ton autobus on parle ! dans le tram c'est plutôt le retour des zombies!! bravo pour le texte!

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  6. Ça me rappelle quelques conversations volées ici ou là. Si joliment rassemblées c'est un plaisir. Même si in fine c'est un peu consternant...

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  7. Excellent reportage ! un véritable concentré de l'essence du moment ! Merci Antoine, ce fut savoureux !
    Amitié
    @+ michelle

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  8. Tres interesant et apprecie, votre utilisation d'un poesie dans une activite qu'on fait quotidienement est genial. voila qui me donne une idea de faire une location autobus en place de voiture regulier (je rigole ;-))

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