Cette année sur le Tour de France,
nombre d’observateurs voyait le britannique Chris FROOME remporter un troisième
succès rejoignant ainsi le cercle des triples vainqueurs de la Grande Boucle où
figurent déjà le belge Philippe THYS (1913-1914-1920), Louison BOBET
(1953-1954-1955) seul triple-vainqueur-consécutif et l’américain Greg LEMOND
(1986-1989-1990) avec le plus petit écart sur le deuxième, Laurent FIGNON, huit
secondes seulement concédés dans le contre la montre final sur les
Champs-Elysées.
Pour la petite histoire, FROOME
est depuis l’an passé le deuxième coureur à avoir remporté le classement final
et celui du meilleur grimpeur après Eddy MERCKX qui a réalisé ce doublé à deux
reprises. Bernard HINAULT avait remporté ces deux classements, mais pas les
mêmes années.
Chacun s’attendait donc à une
domination écrasante du britannique dans les Pyrénées, en sortir avec plusieurs
minutes d’avance et asseoir ensuite sa suprématie dans les Alpes.
Bien que nous ne soyons encore qu’à
la moitié du Tour (étape Montpelier-Mont Ventoux aujourd’hui) le scénario est
tout autre. Si le favori porte bien le maillot jaune, il n’a que vingt-huit
secondes sur son dauphin au classement, un autre britannique, le jeune Adam
Yates, vingt-quatre ans à peine, et cinq autres coureurs suivent en moins d’une
minute (Martin, Quintana, Mollema, Bardet, Henao).
Alors pourquoi n’attaquent-ils
pas ? Si Froome n’a pas la domination attendue, peut-être n’est-il pas si
fort que cela et les autres concurrents devraient sans cesse tenter d’accélérer
pour enfin le distancer, à l’usure ! Mais les tentatives sont
insuffisantes, pire encore, le colombien Quintana passe ses journées dans la
roue de Froome. À suivre inlassablement le premier, il ne pourra faire mieux
que deuxième.
Pendant la saison de cross-country,
je suggère à mes coureurs d’accélérer au moment où les concurrents s’y
attendent le moins. Ce n’est pas le même sport, mais je suis satisfait de voir
que Froome suit mes conseils (bon, là je me vante un peu, mais seulement parce
que Froome ne parle pas français et moi très mal l’anglais).
Ainsi Froome a creusé l’écart là
où on ne l’attendait pas. Au sommet du Col de Peyresourde, à l’instant précis
où la pente s’inversait, quand ses concurrents étaient occupés à se ravitailler
où refermer leur maillot, l’accélération a surpris tous les adversaires qui, le
temps de réagir, avaient déjà dix secondes de retard. Quinze kilomètres plus
loin après une descente manifestement préparée de longue date, le favori
gagnait l’étape seul et prenait le maillot jaune.
Hier encore, à dix kilomètres de
l’arrivée à Montpellier dans une étape marquée par les rafales de vent, accompagné
du maillot vert Peter Sagan et chacun d’un équipier, son accélération a été inattendue,
cela faisait des années, peut-être des décennies, qu’un grimpeur, qui plus est
favori, attaquait en plaine !
L’étape n’a pas échappé à Sagan,
mais Froome prend encore six secondes d’avances augmentées de six secondes de
bonification et probablement l’ascendant psychologique sur tous ses rivaux.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire