Après un caprice automnal m’ayant fait renoncé au marathon de Paris
(voir sur ce blog), c’est un peu par hasard que
mon choix s’est orienté vers la capitale lombarde. Il fallait que la course ait
lieu le même jour afin de pouvoir m’entrainer avec les autres marathoniens du
club.
La minutieuse préparation,
contrariée un temps par un gros coup de fatigue quelques jours en février, et
accompagnée d’une météo médiocre touchait à sa fin. Comme à chaque fois, l’approche
du grand jour est un mélange de tension et de jubilation bien qu’avec le temps
je commence à aborder une telle course sans trop de craintes.
Arrivé l’avant-veille à Milan,
avec Cathy, mon interprète personnelle qui est aussi ma diététicienne, ma
photographe, ma supportrice principale, mon assistante zenitude et
principalement mon amoureuse, la première occupation fut de retirer le dossard,
le tee-shirt et les petites douceurs offertes par les sponsors (incluant notamment
une canette de bière et une boite de thon).
Ensuite seulement, nous avons
commencé la visite de Milan en tenant fermement le parapluie et en prenant soin
de ne pas trop faire de kilomètres de marche, visite poursuivi le samedi matin,
l’après-midi étant réservé à l’ultime footing dans un parc près de l’hôtel, à
la sieste et à la lecture calme et sereine (bientôt sur ce blog !).
Ah, très important, négocier
auprès de l’hôtel la possibilité de libérer la chambre dimanche à quatorze
heures au lieu de midi afin de pouvoir prendre une douche après la course.
Forcément une veille de marathon
on a le sommeil un peu léger, et je me réveille généralement avant la sonnerie
de l’objet qui fait pour l’occasion office de réveil matin.
Le grand jour est arrivé. Dans la
salle du petit déjeuner, j’observe que je ne suis manifestement pas le seul
coureur dans l’hôtel.
Sur le quai du métro également,
les marathoniens se pressent, recouvert de sacs poubelles ou de combinaisons
jetables pour se protéger du froid, à chaque station, de nouveaux coureurs
montent, étrangement je me sens relativement calme et décontracté, j’ai reçu
quelques textos d’encouragement, j’en ai envoyés aussi aux copains qui courent
à Paris.
Le départ est situé à l’extérieur
de la ville, au terminus du métro ou la foule des coureurs et de leurs
accompagnateurs traverses l’immense hall de la Fieramilano. Les organisateurs
nous guident avec fluidité. Pas moins de six camions prennent les sacs de
consignes (l’arrivée n’est pas au même endroit) de manière à ce que nous n’attendions
pas pour déposer les sacs, ni plus tard pour les récupérer. Echauffement pour
réveiller les muscles, étirements, et c’est l’entrée dans le sas. L’attente est
longue, ce n’est pas le moment le plus agréable d’un marathon quand nous sommes
ainsi parqués. Au même moment à Paris, je me dis qu’ils ont plus de dix fois
plus nombreux que nous !
Le speaker dit des choses que je
ne comprends pas, j’essaie de me concentrer et faire le vide, quelques gouttes
de pluie tombent du ciel, mais si peu, juste pour dire qu’il a un peu plu, puis
c’est l’hymne national italien, et le départ.
J’ai mis une minute pile pour
passer la ligne. Il faut ensuite ne pas perdre trop de temps dans l’embouteillage
du départ, se frayer un chemin parmi les coureurs sans pour autant se gêner, ni
aller trop vite en voulant s’extirper de la masse. Puis le peloton s’étire.
Un brin de campagne au début,
puis une voie rapide pas très jolie avant d’entrer dans Milan. Je surveille mon
GPS, je n’ai perdu que quarante secondes dans les deux premiers kilomètres, ce
n’est pas très grave, je les reprends petit à petit. Longtemps, je serais
accompagné par deux espagnols jusqu’à ce que j’aie le sentiment qu’ils
ralentissent et que je décide de poursuivre sans eux.
Je passe le semi en 1 h 42’ 45’’,
ce qui multiplié par deux ferait 3 h 25’ 30’’, j’ai couru la première partie de
la course idéalement. Hormis une petite perte de temps lié à « l’embouteillage »
des deux premiers kilomètres, je suis parfaitement dans mon rythme, très
régulier dans ma vitesse.
C’est juste avant la Porta
Venezia, au 25e kilomètre, que je vois Cathy pour la première fois. Une
photo un bref signe, c’est toujours un moment agréable dans une course longue que
de croiser « son » public.
Au 25e kilomètre (photo Cathy) |
Le temps fort du parcours est sur
le 29e kilomètre. Le Duomo. L’édifice majestueux se dresse sur une
immense place dont nous faisons le tour. L’instant et magique, je savoure la
beauté du lieu et prend le temps de regarder la cathédrale au risque de ne pas
voir ma bien-aimée ! Au dernier moment seulement je lui fais un signe de
la main, pouce levé, pour lui dire que tout va bien. Nous approchons du 30e
kilomètre je me sens bien, aucune douleur anormale, aucune baisse de rythme,
aucune ampoule, aucun bobo futile ne vient perturber ma course et l’objectif de
3 heures 25 reste d’actualité plus que jamais.
Le Duomo (photo Cathy) |
Les kilomètres s’égrainent, toujours
régulier, et ce n’est « seulement » qu’au 36e kilomètre
que, fatigue aidant, le rythme baisse un peu. J’essaie de relancer. Oh, «
relancer » est un bien grand mot après presque 3 heures d’effort, j’essaie
de réduire ma vitesse le moins possible. Mon précédent record est de 3 heures
29, à moins d’une grosse défaillance maintenant, ce record sera amélioré, mais je
veux rester le plus près possible des 3 heures 25, je le fais pour David.
David est mon entraîneur depuis
septembre, aujourd’hui courent ses cinq premiers marathoniens es-qualité d’entraîneur.
J’ai envie d’être à la hauteur, de faire une belle perf, en contrepartie du
travail que nous avons fait ensemble. Et aussi simplement par amitié pour lui.
La place du Castello où est jugée
l’arrivée est proche, un panneau annonce « ultimo chilometro »,
emporté par le plaisir je m’offre le luxe de faire le 42e kilomètre
plus vite que ma vitesse étalon !
La foule applaudit les arrivants
dans les dernières foulées, je fais un signe montrant mon bonheur à ceux qui le
devinent, je suis fou de joie, j’ai le sourire jusqu’aux oreilles pour un
chrono : 3 h 26’ 55’’.
Cela paraitra difficile à
comprendre ni même à concevoir pour les non-coureurs, mais une fois la ligne
franchi, j’en pleure de plaisir !
Maintenant je dois boire, manger
un peu, s’étirer, récupérer mon sac, quelques photos aussi, retrouver Cathy et
puis surtout téléphoner à David pour lui raconter et prendre des nouvelles des
copains.
Le peloton dans les premiers kilomètres (photo : organisateur) |
Félicitation Antoine pour ta course. Mais je n'avais aucun doute sur tes capacités à battre ton record. Tu as été sérieux et au plus près du plan. C'est moi qui te remercie pour ta confiance. Très belle article.
RépondreSupprimerDavid (le coach)
Quel beau récit ! Ton plasir fait plaisir. On s'y croirait. Bravo à toi... et à Cathy.
RépondreSupprimerLes coureurs en partance dans le métro, c'esst un moment qui me plait beaucoup aussi, mélange de concentration et de complicité discrète (Rome, Paris, Barcelone pour moi)
"c’est toujours un moment agréable dans une course longue que de croiser « son » public" : Ah oui, ça c'est magnifique. Ma femme Place Saint-Pierre, ça restera dans ma mémoire, toujours. Je sais que certains partent faire un marathon seuls. Un peu triste.
Les larmes de ce bonheur là sont tout à ton honneur. Bravo encore pour ta performance et pour ton récit.
récit passionnant, belle course, je me doutais que ton parcours était millimétré mais je viens d'en découvrir le schéma.
RépondreSupprimerBravo à toi
et à Cathy :-)
Lucie H
Dans 1 mois je tenterai de finir mon premier Marathon, entraîné dans cette passion par Claudio, mon beau père, en plus de l'entraînement j'essaye de m'imprégner de cette future course en surfant et en lisant avec délectation de tels récits, merci à vous du partage, et sachez qu'au delà du récit ils sont aussi pour certains comme moi une façon de matérialiser un peu le truc même si c'est difficile tant qu'on y est pas.
RépondreSupprimerBravo pour votre performance
Bonjour Antoine,
RépondreSupprimerJ'ai adoré ce récit empli de détails, de joie, d'émotions. On vit pleinement tes instants de bonheur au fil de ton récit. Encore une fois, félicitations pour ta belle perf qui en plus représente ton record sur marathon. J'admire vraiment. De plus, tu es très bien entouré (bravo Cathy aussi) pour être dans les conditions optimales et ça, ça compte aussi énormément.