Pour la deuxième fois de ma vie,
c’est la génération d’après qui se marie ! Ainsi va le temps. Le Maire du
village, récemment élu, n’est pas peu fier de sa mission. Le prêtre, plus
habitué à l’exercice s’efforcera de faire régner sèchement l’ordre dans
l’église bondée, lorsque le fou rire prend l’assemblée au moment où un des
lecteurs se trompera de texte. L’orchestre d’amis remettant la bonne humeur
rapidement. La musique, c’est bien connu, apaise les hommes.
|
les mariés, avec une flopée de cousins |
Le repas est ponctué d’animation
vidéo et de diaporamas sur les tourtereaux, puis, plus tard, l’orchestre prend
le relais jusque tard dans la nuit. Je rentre juste après la tradition
vendéenne de danse de la brioche, sorte de farandole sous un plateau en bois
tenu par deux porteurs et orné de la spécialité locale d’un bon mètre de diamètre.
Malgré la noce et les excès de
table je garde à l’esprit l’approche du Marathon de Berlin. Le plan
d’entraînement prévoit une sortie longue de deux heures ce dimanche, incluant
deux fois quatre mille mètres à vitesse marathon. Le vent fort de ce dimanche
me fera renoncer en remplaçant cette sortie par un simple footing.
En revanche, à Saint Gilles Croix
de Vie, les vagues de l’océan sont suffisamment hautes pour se baigner en
jouant. Moi qui, dans la Méditerranée, m’ennuie souvent, je prends longuement
plaisir avec nièces et neveux à sauter dans les rouleaux d’eau. Après plus
d’une heure de jeu aquatique, je peine à regagner le bord, lorsque je refais
surface une autre vague me recouvre, je me suis laissé emporter et n’ai plus
pied. La panique me prend et l’effort durera plusieurs minutes avant de
rejoindre enfin la plage. Après cette frayeur, je ne quitterais plus le sable
sec !
Nous quittons le gîte vendéen
pour quelques jours en famille. Dès mon arrivée à la maison maternelle, je pars pour
ma sortie longue écourté la veille avec la ferme intention de mener à bien mon
programme d’entraînement. Courir deux heures se fait sans difficulté, mais
inclure une cadence d’entraînement se trouve être une autre paire de manches.
Cette fois ce n’est pas tant le vent qui est en cause. La diététique festive
freine clairement mes capacités à tenir un rythme !
Dès le lendemain, le footing est
prévu à huit heures trente précises, pour seulement trente-cinq minutes. Il n’est
certes pas prévu mais ma filleule Jeanne avait très envie de courir avec son
tonton-parrain-marathonien-entraineur qui au passage donne quelques conseils.
Le reste de la journée se passe à
Nantes où je dois circuler avec un GPS dans la ville devenue inconnue où j’ai
vécu les vingt et une premières années de ma vie. Après un déjeuner chez mon
frère ainé Bruno, nous entreprenons une balade à pied le long de la Loire. Mon
guide me parle avec enthousiasme de l’aménagement urbain réussi de la ville. Le
quartier Malakoff, jadis miteux est devenue une cité agréable à vivre, le péage
nature est un clin d’œil au projet avorté d’autoroute urbaine devenu un espace
d’observation horticole. Quant à la friche industrielle prolongeant la rive,
elle est aujourd’hui un quartier d’affaire moderne, où se situe notamment le
palais de Justice. Quelques vestiges des docks et du port décorent un lieu de
promenade et de loisirs.
Suivront plusieurs journées de plages, pour l’occasion et la
première fois, mon fils Daniel est mon chauffeur. Un nouveau signe du temps qui passe....
Le vent fort incite à sortir les
cerfs-volants et les enfants s’évertue à les maintenir le plus longtemps
possible en l’air en décrivant quelques figurent bien que la chose ne soit pas
aisée. Sur l’eau, de nombreux kitesurf complètes le patchwork de couleurs sur
fond bleu et blanc du ciel.
Après avoir couru une improbable
série fractionnée de dix fois quatre cent mètres, je rentre seul à la maison
par le marais en me disant que je n’y ai pas vu de héron depuis bien longtemps.
C’était sans compter sur la rencontre insolite qui allait suivre.
Au milieu d’un champ, à deux pas
de la maison, une cigogne nonchalante régnait sans savoir l’incongrue
admiration quelle provoquait ! Je restais là de longues minutes à observer
l’oiseau plus régulièrement observée sur les toits alsaciens, jusqu’à ce
qu’elle s’envole décrivant de larges cercles au-dessus de ma tête, comme pour
saluer son public.
Jeudi, en fin de matinée, sur le
marché de Saint-Brévin, une jeune femme déclame un poème de Victor Hugo, puis
une enfant récite une comptine, suivi d’un jeune allemand. Certains passants
s’arrêtent écouter ce flash mob poétique, auquel je ne me joindrais pas malgré
les sollicitations (parfois insistantes). Je ne suis manifestement pas fait
pour la scène.
Les jours passent et la semaine est longue, mon amoureuse me manque, j’ai hâte
d’être au lendemain soir…