Ce midi, alors que je déjeunais avec mon amie Coralie, j'évoquais ce billet publié en 2012 (cela ne nous rajeunis pas, c'était avant la publication de mon premier livre). L'envie de le republier ne s'est pas fait attendre.
"Parmi les enseignants qui m’ont
marqué positivement –par opposition à ceux qui m’ont marqué différemment, dont
l’histoire ne sera probablement jamais racontée sur ce blog– Il y a deux
professeurs de français.
L’un, René, en 6e dans un
petit collège de la cité des Petits Beurres, m’enseignait les langues de
Molière et Shakespeare –faute de pratique j’ai beaucoup oublié l’une d’entre
elles–. Il me fit découvrir Jules Verne, René Guy Cadou, Théophile Gautier, Tri
Yann et la généalogie. Avec sa passion et son enthousiasme, je quittais les
lectures d’enfants, tels Fantômette ou le Club des cinq, pour partir en voyage
avec Phileas Fogg et le Capitaine Némo. C’est à la minuscule bibliothèque de ce
collège, géré par un ecclésiastique sans doute l’un des derniers à le faire,
que j’ai fait l’aventure avec « Les
chevaliers de l’île aux pies » de Marion Cahour. (Message à qui veut
l’entendre : J’aimerais beaucoup relire ce livre, si l’un d’entre vous l’a
dans ses rayonnages).
Quelques années plus tard dans un lycée en
périphérie de la ville, alors que j’apprenais le métier de comptable que je
pratique toujours, c’est dans la même matière littéraire qu’une enseignante allait
laisser son empreinte dans ma scolarité.
Madame L. –Je ne connais pas (ou
plus) son prénom- avait la particularité d’être une enseignante audacieuse. Au
lieu de se laisser aller à la facilité qui aurait consisté à proposer des
lectures faciles à des élèves de BEP comptable peu enclins à la chose
littéraire, elle avait le courage d’enseigner des auteurs réputés plus
difficiles. Steinbeck, Vian, et surtout Soljenitsyne !
De ces trois auteurs, elle m’a
donné l’envie d’aller plus loin, de lire d’autres livres, sans qu’elle n’ait
jamais su que je sois allé visiter « La maison de Matriona » ou
rencontrer « Zacharie l’escarcelle »
« Une journée d’Ivan
Denissovitch » est un livre que j’ai hélas plus sur mes étagères (victime d'un prêt sans retour) mais que je
confierais volontiers à mes enfants. L’ouvrage a la particularité de mentionner
les paragraphes, phrases, ou mots jadis censurés par l’URSS de 1962 qui change
ou atténue le sens.
René et Madame L. étaient l’un et
l’autre des passionnés et faisaient ainsi leur métier. C’est grâce à eux
qu’aujourd’hui, il y a toujours une pile de livres à lire sur mon bureau, grâce
à eux que j’ai cette fâcheuse habitude de coucher sur le papier tout ce que
j’observe, lis, vis en vous en faisant profiter sur mon blog."