Comme prévu Sorj Chalandon était au rendez-vous. Assis à une
table dans un magasin bondé d’un samedi après-midi pluvieux, il nous attendait,
nous ses lecteurs. Ma bien-aimée et moi avions pris soin d’emmener avec nous un
de ses livres. Il s’est enthousiasmé que le livre soit un peu écorné, un peu
usé par le frottement de poche en sac, d’autobus en salle d’attente. J’aime
aussi cette idée que les livres ont une vie.
Il s’agissait précisément d’« une promesse », je l’avais
acheté en format de poche deux ans auparavant, il a longtemps trainé sur ma
pile de livres à lire, je l’ai emmené avec moi en vacances et je l’ai oublié.
Un an après je l’ai retrouvé au même endroit, plusieurs personnes l’avaient lu.
Je n’avais lu que quelques pages avant de rencontrer l’auteur
et c’est bien mon regret. J’aurais aimé lui dire que cette lecture m’a touché
et profondément ému et il faut un incontestable talent d’écrivain pour écrire
sur un sujet aussi difficile que la mort et le deuil sans sombrer dans le
sinistre, le macabre et le triste.
Bien au contraire, « une promesse » porte un
message d’espoir, l’idée que la vie continue tant que les vivants pensent à
leurs proches disparus.
Sorj Chalandon nous livre une histoire d’une grande beauté,
pleine de tendresse et de poésie et ce roman ira au Panthéon des lectures dont
je ne pense pas sortir indemne.
Après avoir refermé ce livre, j’assume volontiers mes yeux
humides et mon endormissement tardif.
J’ai repensé à plusieurs proches dont le souvenir est
omniprésent, à mon grand-père fournisseur familial de choco BN que je n’ai
connu que dans le souvenir de mes ainés, et aussi à cette fête de famille il y
a quelques années, cette « cousinade » comme on la nomme. Une petite
fille, faisait le tour des convives pour savoir qui avait connu sa grand-mère
qu’elle-même n’avait pas connu. Puis elle notait sur un cahier le souvenir des
autres.
Ta grand-mère, je l’appelais « Maman-Annie ».
UNE PROMESSE, de Sorj CHALANDON,
Livre de poche, ISBN 978-2-253-12114-5