Parce que nous avons choisi la
ville plus d’un an avant, seul, en couple, entre amis, avant d’organiser le
voyage, le logement, le tourisme, parfois le visa.
Parce que douze semaines avant
commence l’entraînement méticuleux, avec ses doutes, ses rêves, ses objectifs,
ses sorties longues au petit matin l’été ou chaudement couvert l’hiver.
Pour l’admiration qu’il suscite
parmi les non-coureurs ce qui nous permet -un petit peu- de bomber le torse.
Pour le retrait des dossards la
veille, dans un espace immense, une foire mercantile dédiée au sportif dans
laquelle se mêle les stands de matériel sportif et ceux des organisateurs des
prochains marathons.
Pour le test de la puce où notre
nom s’affiche sur un écran, nous ressortons du site avec un grand sac
contenant, outre le dossard et la puce, les consignes de courses, les
prospectus divers glanés sur les stands, des échantillons, des cadeaux de l’organisateur,
une éponge pour se rafraîchir pendant la course sur les zones prévues à cet
effet.
Pour le moment venu de préparer
toutes ses affaires la veille au soir, fixer soigneusement son dossard sur le
maillot du club en s’y reprenant à deux fois parce qu’il n’est jamais droit du
premier coup, ou trop haut, ou trop bas.
Pour le dernier plat de
spaghettis.
Pour ce réveil à l’aube du jour
J, quand on se plaint d’avoir mal dormi parce que c’est toujours ainsi, on dort
systématiquement mal la veille d’un marathon.
Pour ce métro matinal qui s’emplit
de coureurs à chaque station.
Pour le plaisir d’entendre un
groupe parler notre langue dans ce brouhaha polyglotte.
Pour cette fraîcheur qui nous
saisit pourtant nous nous sommes recouverts d’un grand sac poubelle et avons
pris avec nous un vieux tee-shirt dont nous nous débarrasserons dans quelques
kilomètres.
Pour cette entrée dans les sas
malgré la foule et l’attente. La musique, les annonces de l’animateur que nous
ne comprenons pas, soit les haut-parleurs sont trop loin, soit nous ne parlons
pas cette langue.
Pour ce coup de feu libérateur,
suivi d’un lâcher de ballons, d’une salve de cotillons.
Pour ce « bip » que
fait la puce lorsque nous passons la ligne de départ, parfois longtemps après les
premiers.
Pour ces applaudissements, ces
affiches « allez Papa », ces drapeaux d’un peu partout.
Pour ces gamins tout au long du
parcours qui nous tendent la main dans l’espoir du geste identique d’un
coureur.
Pour ces inconnus qui nous
encouragent par notre prénom quand l’organisateur l’a mentionné sur notre
dossard.
Pour ces maillots de coureurs
portant les couleurs de toutes les régions de France, d’Europe, parfois au-delà
des océans.
Pour ces déguisements insolites
pimpants dans les premiers kilomètres, plus délabrés dans les heures qui
suivent.
Pour ces orchestres tout au long du parcours.
Pour le bruit des gobelets qui s’écrasent
sur le sol après les zones de ravitaillements.
Pour ces petits gestes d’encouragements
quand l’un d’entre nous est en difficulté, marche, boîte, se tient l’abdomen.
Pour ces dernières forces que
nous trouvons pour finir malgré la fatigue et la douleur.
Pour cette jubilation quand nous
passons enfin la ligne d’arrivée.
Pour cette envie de pleurer de
joie quand nous battons notre record.
Pour cette médaille souvenir, ce
tee-shirt (mais pas à Berlin, et ça je n’ai toujours pas digéré), ces photos.
Pour notre étrange manière de
sourire en titubant.
Pour tous nos souvenirs, tous nos
récits.
Pour cette bonne bière que l’on
boit avec les copains après la course !
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