Jeudi, le col de la Fenêtre n’est que modestement à une altitude de
2 858 mètres, pour autant son ascension n’est pas une des plus simples ce
qui en fait un passage phare du Grand Paradis. La pente est raide pour y
accéder, il faut parfois se servir de ses mains pour prendre appui sur la roche
et les gardes du Parc ont ajouté quelques sommaires marches d’acier pour
faciliter l’accès dans les endroits les plus périlleux.
La descente, quant à elle, est vertigineuse ! Du sommet nous ne
voyons pas le chemin. Il faut s’aventurer un peu pour découvrir le long sentier
pierreux descendant en lacets. Nous devons également veiller à ne pas faire
glisser de pierres qui dans leur chute peuvent blesser gravement un autre
marcheur, Ulrick nous rappelle que c’est d’ailleurs une des principales causes
d’accidents en montagne l’été. En fin de descente, sur une dizaine de mètres,
une corde est fixée pour faciliter le passage des marcheurs.
Nonobstant les bouquetins omniprésents, nous croisons à partir
d’aujourd’hui d’étranges mammifères bipèdes, équipés comme nous de bâtons,
portant un sac plus petit que les nôtres et vêtus le plus souvent de shorts et
tee-shirt en matière synthétique. Ce sont des traileurs que l’on rencontre
régulièrement dans le Val d’Aoste en cette période de l’année. Ils font la
reconnaissance de certains cols d’une compétition qui se déroule chaque année
en septembre. Le Tor des Géants, 330 kilomètres, 24 000 mètres de
dénivelé, a pour parcours le tour du Val d’Aoste.
Ce soir nous faisons étape dans le village de Bruil, à 1 725
mètres d’altitude. C’est le grand luxe, nous dormons à l’hôtel et il y a du
réseau sur les portables ! J’en profite pour passer quelques appels à mes
amies les plus proches, quelques textos, mettre à jour Strava, lire mes
courriels, regarder Facebook, Instagram et autres travers numériques de la vie
moderne.
Pour l’avant-dernier jour, l’étape est la plus longue (16 kilomètres)
et le dénivelé le plus élevé (1 339 mètres). C’est dans l’ascension
-plutôt régulière- du col de l’Entrelor que nous assistons à une scène
familiale touchante chez les bouquetins. Un petit, perché sur un rocher et ne
pouvant apparemment plus en descendre, appelle sa mère par un sifflement aigu.
Au loin, la mère lui répond régulièrement tout en venant le chercher. Sur place
elle l’aide à se sortir de la situation, il la tète pour se remettre de ses
émotions et les deux repartent vers de nouveaux horizons sous nos yeux
admiratifs. Après notre dernier passage à plus de 3 000 mètres d’altitude
la descente est assez douce pour rejoindre notre hébergement à Eaux Rousses,
une auberge dans un petit hameau.
Déjà le dernier jour. Notre
parcours longe le Grand Paradis, le temps est magnifique pour ceux qui
entreprennent de l’escalader (4 061 mètres tout de même) mais ce n’est pas
à notre programme. Notre circuit nous mène vers d’anciennes bergeries, en
contrebas nous voyons notre point d’arrivée. Pour notre dernier pique-nique
nous sortons une bouteille de vin pour trinquer à notre semaine qui s’achève.
Puis c’est l’ultime descente avant les embrassades. Petit café pour ceux qui
sont sur place, alors que je dois rentrer rapidement avec la navette pour
rejoindre Chamonix en espérant qu’il y aura peu d’embouteillage au Tunnel du
Mont-Blanc ! C’est raté. Le chauffeur me dit que je n’aurais pas mon
train. Puis se reprend en me disant que ce sera juste, mais que c’est jouable.
J’arrive à la gare avec dix confortables minutes d’avance.
Puis c’est le retour sur Lyon, trop fatigué pour ouvrir un livre. Nice
le lendemain.
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