Dans cette chronique sociale, Nicolas Mathieu, nous raconte au cours de quatre étés lorrains, de 1992 à 1998, de Nirvana à la Coupe du Monde, l’histoire de trois adolescents de 14 à 16 ans, Anthony, Hacine et Stéphanie, fils d’ouvriers, fils d’immigrés et fille des beaux quartiers où chacun se débat comme il peut pour exister dans une vallée sinistrée, Heillange dans le roman, ressemblante à Hayange dans la réalité
Trois gamins perdus, découvrant
la vie, sa violence, l’avenir inexistant, le cynisme politique, l’alcool, le sexe,
l’envie de réussir quelque chose dans sa vie mieux que leurs parents l’ont
fait. Les trois s’y prendront différemment.
Le style direct et cru déroute parfois
mais il reflète l’atmosphère perdue dans lequel vivent ses trois jeunes. Ce roman
est une fresque déroutante, l’histoire de trois luttes.
« L’éducation est un grand
mot, on peut le mettre dans des livres et des circulaires. En réalité, tout le
monde fait ce qu’il peut. Qu’on se saigne ou qu’on s’en foute, le résultat
recèle sa part de mystère. »
« La climatisation tempérait
les humeurs. Bippers et téléphones éloignaient les comparses, réfrigéraient les
liens. Des solidarités centenaires se dissolvaient dans le grand bain des
forces concurrentielles. Partout de nouveaux petits jobs ingrats, mal payés, de
courbettes et d’acquiescement, se substituaient aux éreintements d’autrefois.
Les productions ne faisaient plus sens. On parlait de relationnel, de
qualité de service, de stratégie de com, de satisfaction client. »
« A force de bûcher, de
drôles de trucs s’étaient opérés dans sa tête. Des raccourcis, des surprises,
des éclairs. Jusqu’ici, elle avait considéré les disciplines qu’on leur enseignait
comme des diversions, des passe-temps pour canaliser la jeunesse. Mais une fois
que le gavage opérait, votre vision des choses de modifiait. Steph n’aurait pas
très bien su définir ce bouleversement : elle se sentait à la fois plus
sûre et moins certaine. »
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