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jeudi 23 juillet 2015

UN 23 JUILLET

Il y a une dizaine de jours, alors que je précisais de façon imagée que deux précautions valaient mieux qu’une et déclarant « mettre bretelles et ceinturon », une amie me demandait si cette expression était une de celles qu’utilisait mon père.

Cette remarque m’a autant amusé que touché, mais la réponse est négative cette fois.
Pour cette amie, je n’hésite pas à recycler un billet de 2011, que voici :


« AUTANT QU’UN CURÉ PEUT EN BÉNIR !

J’ai dans ma besace un certain nombre d’expressions désuètes, tantôt poétiques, tantôt triviale. Je les tiens essentiellement de mon père, qui lui-même les tenait de son père, avant je ne sais pas, mais ensuite mes enfants en diront autant puisqu’ils ne réfutent pas à utiliser ces vieilleries. 
Bien sûr, ma mère n’appréciait pas toujours les expressions de son mari qui plongeait généralement ses enfants dans une profonde hilarité. 
Il est vrai que si l’un d’entre nous n’appréciait pas le diner servi, nous étions alors invité soit à aller manger sur les couilles à Jules, soit, variante maternelle, sur les chevaux de bois. 
En cas de sonore flatulence –nous étions quatre fils-  il était rappelé que « dans les hôpitaux de cochons c’est comme ça que les malades toussent » mais le cessez le feu était aussitôt demandé par une métaphore commerciale « n’en déchirez plus j’en veux qu’un mètre ». Péter fait rire car il y a une connexion directe entre le grand zygomatique et le sphincter anal 
Plutôt que de commencer par la trivialité post-flageolet, j’aurais dû rappeler que mon père était un galant homme qui jamais ne se servait à table avant une femme –pas même ses filles- et refusait systématiquement le plat présenté en précisant « après toi s’il en reste ». Si le faible appétit maternel se faisait sentir, il observait que « si ça te tombe sur le pied ça ne te fera pas de mal ». 
Les qualités humaines étaient généralement commentés, surtout pour les cons qu’il le soit comme une valise sans poignée ou comme ma bite est mignonne, et si les uns pouvaient être franc comme une planche pourrie ou poli comme un vit d’ours, voire droit comme mon bras quand je me mouche, les autres se trouvaient être raide comme la justice ou de la gueule comme les chiens jaunes sont du cul. 
Au pays du Muscadet, la soif était un mal combattu sans relâche, pas question de tarauder à sec, ni de boire de bon coup qui se ferait rare, sans boire comme un trou il n’était pas du genre à sucer de la glace. 
Un coup de gwin ru millésimé était béatifié au rang de petit Jésus en culotte de velours qui fait du bien par où ça passe. 
Jamais dans l’excès, s’il s’en envoyait plusieurs derrière la cravate il n’en devenait jamais beurré comme un petit LU ni rond comme une queue de pelle, tout au plus un peu de mou dans la corde à nœud. 
Il n’était pas du genre à s’en badigeonner le nombril avec le pinceau de l’indifférence, ni à s’en lisser les bretelles, encore moins à s’en tamponner le coquillard avec des tibias de langoustes, sauf bien sur quand le déconographe était branché. 

Je pourrais continuer longuement à battre de la goule pour évoquer la verve paternelle en vous parlant du jeu du ripompom en bois, de Népomusène (de ménage), de Saint Trazibule, de Timichimèlapoupou ou de la poche gauche de son veston. »


Tiens, cette nuit j’ai rêvé de mon père, j’aime bien ces moments, je m’en réveille d’humeur joyeuse. Cette fois, il buvait un coup avec Jean Carmet.  

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