Il y a une dizaine de jours, alors que je précisais de façon
imagée que deux précautions valaient mieux qu’une et déclarant « mettre
bretelles et ceinturon », une amie me demandait si cette expression était
une de celles qu’utilisait mon père.
Cette remarque m’a autant amusé que touché, mais la réponse
est négative cette fois.
Pour cette amie, je n’hésite pas à recycler un billet de
2011, que voici :
« AUTANT QU’UN CURÉ PEUT EN BÉNIR !
J’ai dans ma besace un certain nombre d’expressions
désuètes, tantôt poétiques, tantôt triviale. Je les tiens essentiellement de
mon père, qui lui-même les tenait de son père, avant je ne sais pas, mais
ensuite mes enfants en diront autant puisqu’ils ne réfutent pas à utiliser ces
vieilleries.
Bien sûr, ma mère n’appréciait pas toujours les
expressions de son mari qui plongeait généralement ses enfants dans une
profonde hilarité.
Il est vrai que si l’un d’entre nous
n’appréciait pas le diner servi, nous étions alors invité soit à aller manger
sur les couilles à Jules, soit, variante maternelle, sur les chevaux de
bois.
En cas de sonore flatulence –nous étions quatre
fils- il était rappelé que « dans les hôpitaux de cochons c’est
comme ça que les malades toussent » mais le cessez le feu était aussitôt
demandé par une métaphore commerciale « n’en déchirez plus j’en veux qu’un
mètre ». Péter fait rire car il y a une connexion directe entre le grand
zygomatique et le sphincter anal
Plutôt que de commencer par la trivialité
post-flageolet, j’aurais dû rappeler que mon père était un galant homme qui
jamais ne se servait à table avant une femme –pas même ses filles- et refusait
systématiquement le plat présenté en précisant « après toi s’il en
reste ». Si le faible appétit maternel se faisait sentir, il observait que
« si ça te tombe sur le pied ça ne te fera pas de mal ».
Les qualités humaines étaient généralement
commentés, surtout pour les cons qu’il le soit comme une valise sans poignée ou
comme ma bite est mignonne, et si les uns pouvaient être franc comme une
planche pourrie ou poli comme un vit d’ours, voire droit comme mon bras
quand je me mouche, les autres se trouvaient être raide comme la
justice ou de la gueule comme les chiens jaunes sont du cul.
Au pays du Muscadet, la soif était un mal
combattu sans relâche, pas question de tarauder à sec, ni de boire de bon coup
qui se ferait rare, sans boire comme un trou il n’était pas du genre à sucer de
la glace.
Un coup de gwin ru millésimé était béatifié au
rang de petit Jésus en culotte de velours qui fait du bien par où ça
passe.
Jamais dans l’excès, s’il s’en envoyait
plusieurs derrière la cravate il n’en devenait jamais beurré comme un petit LU
ni rond comme une queue de pelle, tout au plus un peu de mou dans la corde à
nœud.
Il n’était pas du genre à s’en badigeonner le
nombril avec le pinceau de l’indifférence, ni à s’en lisser les bretelles,
encore moins à s’en tamponner le coquillard avec des tibias de langoustes, sauf
bien sur quand le déconographe était branché.
Je pourrais continuer longuement à battre de la
goule pour évoquer la verve paternelle en vous parlant du jeu du ripompom en
bois, de Népomusène (de ménage), de Saint Trazibule, de Timichimèlapoupou ou de
la poche gauche de son veston. »
Tiens,
cette nuit j’ai rêvé de mon père, j’aime bien ces moments, je m’en réveille d’humeur
joyeuse. Cette fois, il buvait un coup avec Jean Carmet.
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