J’ai depuis quelques années pris
pour habitude de raconter mes vacances sur ce blog, non pour narguer mes
lecteurs mais pour tenter de concurrencer vaguement certains amis inondant les
réseaux sociaux de leurs photos deux mois durant (et toc).
Après la Corse, Les Dolomites, le
Val d’Aoste, je vous aurais narré cette année un périple cycliste à travers le
Massif Central, les Cévennes, les Gorges du Tarn avant de rejoindre la Méditerranée,
franchissant quasi héroïque quelques cols répertoriés en première catégorie sur
le Tour de France dont le Puy Mary et le Mont Aigoual.
L’affaire avait été minutieusement
préparée malgré le confinement, les routes des Alpes-Maritimes s’y prêtant
parfaitement.
Deux points me préoccupaient particulièrement,
la chaleur que je devais avoir toujours à l’esprit, s’hydrater était indispensable,
la répétition de l’effort était aussi une nouveauté, plus de 120 kilomètres
quotidiens pendant huit jours étaient inconnu.
Ainsi, c’est derrière la gare de
Clermont-Ferrand que je retrouvais mes acolytes du périple et les premiers
coups de pédales donnaient suite à de brèves présentations.
La chaleur en effet était
omniprésente, chaque village, chaque fontaine était l’occasion de remplir les
bidons en eau fraîche. Mais le parcours magnifique compensait ce désagrément,
les cols se suivaient, le premier jour des petits cols pas très pentus mais
suffisamment longs pour chauffer les cuisses.
En fin de première journée, le
ciel se couvrant, la température a vite baissé et le col de la Croix Morand en
fut presque facile avant de descendre vers le Lac Chambon. J’ai bien dit « presque »
facile.
Pour le deuxième jour, j’étais
accompagné par Isabelle, une des participantes, assistée électriquement, qui ne
voulait pas me laisser rouler seul. Notre duo improvisé prit plaisir à
traverser l’Aubrac, passant par Salers avant de rejoindre le fameux Puy Mary
dont les premiers kilomètres sont agréables et ombragés avant de laisser place
à une pente sévère. 11,8 % de moyenne, les amateurs apprécieront ! Je mets
pied à terre plusieurs fois, sans marcher, je prends le temps de reprendre mon
souffle et je remonte. Je veux le faire entièrement, et j’y arriverais. Les noms des coureurs du Tour sont peints sur
le sol, chaque coup de pédale est un effort intense, le public venu en voiture
m’encourage, je vois enfin la pancarte ! J’y suis arrivé !
Et en plus je vais endosser le
maillot jaune ! Ah non, ça c’est dans mes rêves et depuis que je suis tout
petit.
Au matin du troisième jour les
premiers kilomètres sont aussitôt en montée vers le col de Prat de Bouc (1 396
mètres), la météo est agréable, ce soir nous arriverons à Nasbinals, en Lozère,
village où j’ai séjourné il y a quelques années puisqu’il se trouve être sur le
Chemin de Compostelle. Je prends le temps de bavarder avec deux baroudeurs
partis de Rambouillet et rejoignant l’Espagne, sans véhicule d’assistance !
Je suis un large plateau et redescends vers le village de Brezons. La route est
étroite, des voitures montent vers le col mais nous nous croisons sans
difficulté.
Après, je ne sais pas très bien
ce qui s’est passé. Je ne roulais pourtant pas vite, j’ai perdu le contrôle, j’ai
tenté de redresser, j’ai revu mille fois la scène dans ma tête, j’aurais dû enlever
le cale-pied et me rattraper avec la chaussure sur le bitume, j’aurais dû
tenter de basculer côté talus ce qui aurait fait moins mal. Cela se passe en
quelques secondes et je n’ai pas eu le temps de penser à tout ça. Je tombe
lourdement sur le côté gauche, la douleur est intense, surtout à l’épaule.
Isabelle est là tout de suite et
prend vite mesure de l’ampleur de la chute. J’arrive à me relever pour me mettre
sur le bas-côté plutôt qu’au milieu de la route et me rallonge aussitôt, c’est
ce qui me fait le moins mal. Je vois qu’Isabelle gère et la laisse faire, elle
appelle les secours, prévient le groupe. Mon séjour s’arrête là.
(à suivre)
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